mardi 23 avril 2013

MEDIAPART le 22 AVRIL 2013 : Face à la crise, la société civile tunisienne se structure peu à peu


Ce rôle de « chien de garde » ou d'observateur attentif, c’est la vocation de l'Atide  (Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections), association créée le 24 mars 2011, qui revendique aujourd’hui 3 000 adhérents, une trentaine de membres fondateurs, pour la plupart des amis enseignants, médecins, universitaires ou étudiants. Son président, Moez Bouraoui, enseignant-chercheur en aménagement du territoire et de l’urbanisme, travaillait en France depuis vingt ans. « Depuis la révolution, je n’y ai pas remis les pieds ».
Depuis sa création, l'Atide s’est focalisée sur les élections, « l'enjeu le plus stratégique dont dépend l’avenir du pays, estime Moez Bouraoui. On ne naît pas démocrate. On s’est demandé : quel est le point départ de la démocratie ? C’est forcément l’urne, la voix du peuple. Comment peut-on protéger cette petite boîte ? C’est ce qui nous a guidés dès le début. »
Les membres fondateurs d’Atide se forment alors à l’observation des élections auprès de fondations internationales qui s’installent en Tunisie, comme Democracy reporting international ou Foundation for the future, pour pouvoir former à leur tour citoyens et adhérents, quand tout est à reconstruire. « Dans un pays qui sort de 50 ans de dictature, où l’on a tué toute idée de citoyenneté et de démocratie, les gens n’ont même pas idée de ce que signifie la possibilité d’exercer leurs droits, explique Amiria Yahyaoui, d'Al Bawsala. Exemple : les gens savent que les logements sociaux, ça existe. Ils en ont entendu parlé. Mais envoyer une demande, ils ne savent pas le faire, parce qu'il ne leur vient pas à lidée qu’il y a une procédure précise. »  
« Il y a un goût de rassis, le climat est de plus en plus détestable »
Au lendemain de l’élection, l’Atide organise les « forums élu/électeur pour un débat direct », sur l’ensemble du territoire. Chaque rencontre se fait autour d’un sujet lié au processus constitutionnel ou qui mobilise la société civile tunisienne – gaz de schiste à Kairouan, pollution à Gabès… – et rassemble des élus de la circonscription intéressée. Une vingtaine se sont tenus depuis l’élection, sur la base d’un député par groupe parlementaire. « On a beaucoup appris, explique Moez Bouraoui, le président, mais comme disait un invité : “C’est moins les citoyens qui apprennent le débat démocratique, que les élus eux-mêmes.” De tous les partis, c’est surtout Ennahda qui s’est montré assidu. Sauf pour le dernier débat, au Kef, maintenant que le vent commence un peu à tourner et qu’ils sont moins populaires. L’opposition, elle, est souvent absente. C’est dommage, absurde, mais significatif de la faiblesse du champ politique. » 

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