vendredi 20 décembre 2013

La presse.tn 19/12/2013 :Quatrième rencontre nationale de l’ATIDE: Une loi électorale cousue main


 La quatrième rencontre nationale de l’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections, tenue du 14 au 17 décembre 2013, était consacrée à une réflexion sur la loi électorale. Durant deux jours pleins, des groupes d’«Atidiens» représentant les différents bureaux régionaux de l’Association ont été répartis en cinq ateliers, lesquels se sont penchés sur un certain nombre de thèmes tels la campagne électorale, l’inscription des électeurs, l’électeur et le candidat, le mode et le déroulement du scrutin. Autant dire que tous les aspects du processus électoral ont été discutés de manière soutenue ; ceci a permis la rédaction de propositions d’articles qui ont été débattus et rectifiés. De ce travail va émaner un projet de loi électorale pour l’organisation des élections législatives, projet destiné à être présenté à l’Assemblée nationale constituante.

La rencontre nationale de «Atide» (tout comme l’effort constant de  cette association particulièrement dynamique) illustre bien le niveau de maturité auquel est parvenue la société civile dans notre pays. Désormais, plus aucun domaine ne lui est interdit : elle réfléchit, élabore, propose, acquiesce ou s’oppose. En d’autres termes, elle se présente comme un interlocuteur essentiel dans les enjeux politiques et sociaux qui s’offrent à la Tunisie actuelle. Que des hommes et des femmes sans coloration politique ni affiliation à aucun parti se mettent ensemble pour réfléchir, s’organiser et agir dans un domaine clé de la vie publique (élections, droits de l’Homme ou prise en charge des personnes handicapées), voilà qui représente un garant contre les dérives politiciennes. Pendant que ces messieurs  font «du plateau télévisé» et s’épuisent en paroles et prises de positions, d’autres, à l’abri des querelles de clans, agissent pour que les choses changent et leur action citoyenne permet effectivement aux choses de changer.

En ces jours où le pays célèbre trois ans de révolution, force est de constater que les deux acquis majeurs obtenus depuis le 17 décembre 2010 (et le 14 janvier 2011) sont incontestablement la liberté d’expression et le développement de la société civile. Si la première demeure fragile et sans cesse menacée (que l’on pense à Jabeur et Weld El 15 qui croupissent en prison), la société civile en revanche a accompli en trois ans des progrès considérables. Plus aucun secteur ne lui est défendu : la multitude d’associations, d’activités en tous genres à  visées sociales, humanitaires, voire politiques, tout cela confirme la maturation rapide et la prise de conscience des Tunisiens : désormais, une large frange de notre population est animée d’une conviction essentielle : le pays est l’affaire de tous. En trois ans, une population de gouvernés, muets et passifs, s’est métamorphosée en une société responsable et agissante. C’est là un des meilleurs gages contre la politique et ses aléas. Désormais, la société civile oppose aux deux pouvoirs, exécutif et législatif, un rempart associatif qui se tient aux aguets, prêt à se lever pour adhérer ou dénoncer les décisions prises. Bien plus, ces décisions ne peuvent plus se concevoir sans la participation de la société civile, devenue partenaire à part entière dans la vie du pays. Ainsi que la proposition de loi électorale rédigée par l’association Atide, soit prise en compte ou pas par l’Assemblée constituante, ceci n’exclut pas qu’elle représente la voix de la société civile dans un domaine qui lui revient de droit, celui de l’organisation des prochaines élections législatives. On ne peut qu’être fier d’une maturité sociale qui existait en sourdine sous l’ancien régime et que la révolution a sortie au grand jour. Bien plus que les politiciens, la Tunisie post révolutionnaire réside tout entière dans sa société civile qu’il convient de saluer bien bas.

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